mercredi 24 septembre 2014

Cap au nord...

L’heure a sonné. En cette belle matinée d’octobre, comme toutes les précédentes, le soleil vient de franchir les crêtes des monts environnants donnant au paysage une couleur orangé, l’alizé s’éveille à son tour pour s’établir à 15 nœuds, ridant légèrement le plan d’eau. La clef de contact est tournée, le volvo s’ébroue, le cliquetis du guindeau trouble le calme voisinage pour venir bloquer l’ancre contre le davier. Ca y est rêve bleu est libéré. Il est 7 heures, les équipages surpris en plein petit déjeuner nous saluent. Nous traversons ce beau mouillage de Prickly bay à vitesse réduite pour ne pas déranger ceux qui dorment encore. Dès la sortie de la baie, les voiles sont envoyées et rêve bleu galope de nouveau. Nous sommes heureux de reprendre la mer après une longue période passée à Grenade au mouillage. Nous laissons bien évidemment beaucoup de copains derrière nous, mais nous les retrouverons plus tard au hasard des escales.
Pour l’heure, nous avons pas mal de choses à organiser lors de notre prochaine escale. Cap sur Cariacou que nous atteindrons après une belle navigation de huit heures. Nous avons prévu de sortir le bateau pour sa grande toilette annuelle. Rendez-vous a été pris avec le chantier naval pour la réalisation des travaux.

Dans le même temps, j’ai une commande à réaliser. Une fresque murale de 12 m x 3 m. Un exercice que je n’ai jamais pratiqué, mais l’aventure me tente bien. Diane et Richard, les propriétaire du club de plongée « Lumbadive » déjà cité auparavant, souhaitent recouvrir d’un joli manteau pictural le vilain mur de leur façade. Qu’à cela ne tienne, après la commande passée à grenade pour la matière première, elle m'attend à destination.
Dés notre arrivée à Tyrrel bay, nous calons la sortie du bateau au chantier. Nous ferons réaliser l'ensemble des travaux, nettoyage, peinture antifouling, polishage de la coque. Nous quitterons le bord durant cette période pour un hébergement terrestre. La maison de Dominique et Geneviève, le métalo Français installé ici depuis 25 ans, nous accueillera une semaine. Cela fait plus d'un an que nous n'avons pas vécu dans une maison. Nous savourons ce moment d'autant plus que que l'endroit est très agréable niché dans une végétation luxuriante non loin du chantier et de la plage.
Dans le même temps, je retrouve, avec une certaine excitation, mes pinceaux. Avec une certaine appréhension, également, car une toile de 12 m x 3 m sur un support pas très régulier, c'est un sacré morceau. Alors, au boulot!


Sortie de Rêve Bleu, après un an il n'est pas très sale, les trois couches d'antifouling et un nettoyage régulier ont permis de conserver une carène en bon état.

Après une semaine de travaux, il a fier allure avec sa nouvelle robe et son beau polish.
Alors, il est temps de rejoindre son élément.


Après une première semaine, rêve bleu, tout beau, tout propre est remis à l'eau et nous réintégrons le bord, la fresque avance bien et il me faudra encore une dizaine de jours pour la finaliser. 

Je travaille le matin de bonne heure pour arrêter vers midi, ensuite la chaleur devient trop importante et le soleil arrive sur le mur. 
















J'ai choisi de la peinture acrylique de très bonne qualité qui garantira une bonne longévité. Il faut dire que l'environnement est particulièrement hostile pour de la peinture. Bord de plage, soleil et pluies tropicales, alors les trois couches de vernis final ne seront pas du luxe.



et voila le résultat...


Le résultat final me satisfait et Richard et Diane, les premiers intéressés, sont contents. Ils organiserons un vernissage fin octobre pour dévoiler la fresque et officialiser l'ouverture de la saison.
Ce travail m'a permis d'explorer d'autres sensations et me donne l'envie de poursuivre dans cette voie.
Il y a beaucoup de vilains murs dans les Caraïbes dont les aisés propriétaires aimeraient bien les recouvrir d'un voile artistique, alors wait and see ?


samedi 20 septembre 2014

Un an ... déja....

J'aurai pu faire un bilan synthétique de cette année écoulée. Combien de milles parcourus, combien d'escales, combien d'heures de voile et de moteur, bilan financier ... etc... je le fais quotidiennement à travers le journal de bord, mais cela ne reflète pas la philosophie que nous voulons imprimer à notre escapade.


Il y a tant de choses à raconter, à partager. 
A travers ce blog, j'essaie d’insuffler l'esprit de ce que nous vivons depuis un an maintenant. Avec un découpage par escale, je tiens à jour le fil de notre aventure dans les faits et ressentis les plus marquants. 
Il y a milles et une petites choses que j'aimerai, également, livrer à votre curiosité. Les sons, les odeurs, les instants furtifs de bonheur intense ou sous une pleine lune éclatante, les ailes de rêve bleu déployées, scintillent sur un fond noir constellé pour finir par croiser la trace d'une étoile filante. 
L'étrave fend la mer des caraïbes en douceur pour laisser dans son sillage une myriade de plancton phosphorescent qui s'agite aussi loin que porte la vue pour s'assoupir à nouveau.
L'odeur de cette terre qui, poussée par l’alizé, arrive jusqu'à vous bien avant l'escale promise. 
Le souffle d'un dauphin qui vous sort de la torpeur d'un quart paisible pour, bondissant, venir vous distraire en virevoltant autour du bateau.
Au hasard d'un mouillage dans l'une des innombrables baies, la tortue,curieuse, qui vient vous saluer, d'un clin d’œil, à quelques mètres de la jupe arrière tandis que vous étiez entrain d'avaler votre café au jour naissant.


Les yeux de Valentin écarquillés et brillants de milles feux lorsque dans un cri de joie, il remonte sa ligne avec au bout, encore un poisson grand comme ça!
Tous ces échanges et partages sincères avec les autres, équipages et autochtones. 

Je pourrai lister, comme cela, tous ces moments qui nous font dire combien nous sommes heureux d'être là. De vivre, en famille, notre rêve éveillé. La vie de nomade sur l'eau nous procure tant de satisfactions que nous avons du mal à envisager l'après. Car, après, il y aura.


Depuis quelques temps, avec Sandrine, le sujet revient régulièrement. Ce n'est pas étranger au fait que nous fêtons notre première année d'itinérance et la perspective de la fin de notre aventure nourrit nos réflexions sur notre devenir.
Rien, pour l'instant ne se dessine précisément. Comment pourrait il en être autrement? 
Nos interrogations ne devant pas obscurcir la suite du voyage, nous restons ouvert à toutes opportunités oscillant entre nos envies et nos obligations suivant l'humeur du moment.

Rêve Bleu, notre fidèle navire, pour un an encore, nous emmène sans faillir où nous poussent les vents et nos désirs. Son ventre nous assure protection et confort. Nous lui apportons tous les soins nécessaires pour qu'il puisse galoper sans contrainte vers ces bouts de terres qui nous reste à découvrir. Après un an, l'heure du grand toilettage approche. Ce sera chose faite après notre prochaine escale à Cariacou, d'ici quelques jours. 

A mesure que la saison des pluies et la perspective de subir les foudres du ciel s'éloigne, nous allons remettre du nord dans le compas en laissant derrière nous les copains dont le programme de navigation les emmènent vers l'ouest. Les îles du Venezuela, Bonaire, les San Blas puis la Colombie et panama. un petit canal à passer et se serra l'immensité de nouveau devant leurs étraves. L'océan pacifique.


A chaque départ, ce sont des "au revoir" déchirants et on se prend à penser "et si on remontait la chaîne pour continuer le voyage ensemble".
Comme Bernard Moitessier qui, sur le point de boucler un tour du monde en course, a fait demi tour au milieu de l'atlantique  pour en boucler un deuxième, renonçant par la même aux honneurs et au retour à une vie de terrien, 
Je ne l'ai jamais aussi bien compris...
Notre conception raisonnable de l'aventure nous ramène à la réalité et c'est la gorge serré que nous voyons s'éloigner ceux avec qui nous avons partagé de si bons moments pour finir par disparaître derrière l'horizon. Seuls les souvenirs et les promesses de retrouvailles futures subsistent.

Pendant que s'écris ces lignes, un grain grossi au vent de notre position et le tonnerre gronde comme pour appuyer mes propos. Bientôt la pluie va s'abattre sur nous, une grosse pluie tropicale qui transforme la mer en la blanchissant d'un voile laiteux, un grain blanc. Le vent qui monte en rafales fait siffler les haubans tandis que l'eau rebondit sur la surface de la mer, la recouvrant d' un mince brouillard. Si bien que les bateaux alentours flottent entre ciel et mer, tels des fantômes errant au milieux de nul part. 
Mais, déja, au loin, le soleil perce l'épais manteau, gris et inquiétant, redonnant au milieu un air plus familier et serein.


Les insectes venus trouver refuge sous la capote dans la tourmente, reprennent leur chemin. 
J'ai mis un moment avant de comprendre pourquoi cette invasion avant chaque grain et d'y remédier à grand coup de torchons et autres instruments de mort. 
Il suffisait d'observer et laisser faire la nature. Point de génocide requis à la moindre alerte. Ces bébêtes en savent plus que quiconque sur la météo. C'est peut être pour cela qu'elles nous viennent du fond des âges, bien avant l'apparition des bipèdes, parfois stupides, que nous sommes.
Attention, cependant, à ne pas marcher sur la guêpe posée au milieu du cockpit entrain de faire sa toilette. Devant un pied maladroit, sa réaction sera sans pitié, quitte à y perdre la vie, elle vous plantera assurément un souvenir des plus douloureux entre les doigts de pieds. Inutile de faire l'expérience, j'ai testé pour vous. Fin de la leçon de science naturelle.
Il existe pourtant une exception à la bonne cohabitation, le moustique. Plus particulièrement celui appelé familièrement "le tigre" en raison de son abdomen rayé blanc et noir. C'est le porteur et la cause de l'épidémie de dingue et de chikungunya sous les tropiques.
Si nous avons échappé pour l'heure à sa terrible piqûre, lourde de conséquences, bon nombre d'équipage ont vu leurs forces décliner, pour finir aliter pendant plusieurs jours, avec pour seul traitement du paracétamol.
Les symptômes et maux décrit par les malades suffisent à nous badigeonner de crème à longueur de journée en espérant que les répulsifs intégrés agiront sur le plus vampire de ces sales bestioles.
Je n'ai pas encore trouvé un seul scientifique qui m'ai expliquer l’utilité du moustique dans l'environnement si ce n'est celui d'enrichir les labos et autres fabricants desdits produits.

Pour Valentin, plus pirate que jamais, je le vois grandir et prendre de plus en plus d'autonomie. lui, qui avait besoin d'un temps d'observation avant d'aller vers les autres, va, maintenant, spontanément au contact des enfants ou adultes quelque soit leur nationalité. Loin de parler couramment l'Anglais, il le comprend et il arrive toujours à communiquer.
L'école à bord est un des éléments incontournables du voyage. Sandrine tient parfaitement son rôle, même si cela n'est pas facile tous les jours. Les cours du CNED sont très bien fait. Après une mise en route assez cafouilleuse la première année, les choses se présentent mieux à l’entame de la seconde. Seuls les délais d'inscriptions et autres tracasseries administratives nous empêchent d'avoir les cours en temps et en heure. C'est chose faite, nous devrions recevoir l'ensemble des supports à notre prochaine escale, Cariacou.


Depuis le cockpit de rêve bleu aux lumières d'un soleil couchant, nous prenons du recul sur beaucoup de choses. Le temps, précieux capital déjà évoqué, nous permet de nous interroger sur le fonctionnement de nos sociétés. Notre relatif éloignement, aussi, nous donne la distance nécessaire pour analyser une actualité parfois folle et déroutante. Une chose est sure, notre vision sur le monde et notre implication se trouve transformé de jours en jours. Alors, bon anniversaire ... les rêves bleu, comme nous appel souvent les autres équipages.

dimanche 7 septembre 2014

Grenade... Un subtil équilibre.

La Grenade est surnommée « l'île aux épices » (Island of Spice) pour sa cannelle, ses clous de girofle, son curcuma et surtout le macis et la noix de muscade (représenté sur le drapeau).
Nous aimons beaucoup cette île et nous commençons à en connaître les subtilités. Pour la comprendre, il faut en connaitre un peu l'histoire.



La Grenade est un pays des Antilles. Sa capitale est Saint-Georges.Cet État insulaire de la mer des Caraïbes comprend l'île de la Grenade, l'ile de Carriacou et l'île de Petite Martinique, toutes situées dans la partie méridionale de l'archipel des Grenadines. En y incluant les îles désertes, le pays possède une superficie de 350 km2. 
En 2012, on comptait 109 011 Grenadiens. La langue officielle est l'anglais.
L'île de la Grenade est située à moins de 150 kilomètres au nord des côtes du Venezuela et de Trinité-et-Tobago. L'ile de Carriacou est à quelques kilomètres au sud de l'île d'Union de Saint-Vincent-et-les-Grenadines.
Peuplée par les Indiens Caraïbes avant l'arrivée des Européens, la Grenade est d'abord une colonie du Royaume de France de 1649 à 1763. À la suite de la guerre de Sept Ans, elle est léguée au Royaume de Grande-Bretagne par le Traité de Paris. Reconquise par la France durant la Révolution américaine, elle redevient britannique grâce au Traité de Versailles de 1783. 
Le pays accède à son indépendance du Royaume-Uni le 7 février 1974. 
La Grenade devient le Gouvernement révolutionnaire populaire de la Grenade, un état communiste, de 1979, après un coup d'état et jusqu'à l'invasion américaine de 1983 qui, sous prétexte de rétablir la démocratie, voyait d'un mauvais œil un nouveau Cuba s'établir dans la région. 
En 2004, l'ouragan Ivan, unique et dévastateur cyclone, cause d'importants dommages dans le pays.

Le port de Saint-Georges.




Aujourd'hui, forte d'une stabilité politique retrouvée, la douceur de vivre fait écho aux larges sourires des Grenadiens, toujours prêt à vous rendre service et à communiquer.


En terme de sécurité, un vol commis dans un supermarché ( si, si, ça arrive! ) fait la une des médias ici. Gare à celui qui se fait prendre, la police ne rigole pas et mieux encore, les habitants, eux même, ont un sens de la protection d'autrui assez poussé. On a pu assister à certaines scènes qui nous ont laissé sur le flanc. Le mot criminalité ne fait pas partie du vocabulaire. 
Qu'elle en est la recette? 
Comment expliquer cela en Martinique et en Guadeloupe, St martin compris? 
Peut être parce que les subventions ne pleuvent pas à flot en provenance d'une lointaine métropole créant, plus ou moins volontairement, un peuple d'assistés frustrés et insatisfaits. 
Ceci n'est pas valable que pour les îles, d'ailleurs! mais c'est un autre sujet.






Ici, tout le monde bosse de mille et un petits boulots. Le pompiste vous sert votre essence, Le petit paysan où revendeur en tout genre que l'on autorise à vendre sa petite production où il veut, quant il veut. Le garçon de supermarché qui vous met les courses dans les sacs et qui les emmène jusqu'à votre véhicule et même plus loin si vous en avez besoin, Et que dire de cette armée de taxi collectifs (petits bus privés de 9 places où l'on monte parfois aux heures de pointe à 19) qui, outre le fait de vous emmener partout dans l'île, avec une efficacité redoutable, pour quelques $ locaux, emploi un nombre  impressionnant de personnes (chauffeur et portier racoleur).




Autre exemple, mes lunettes (et oui encore), je ne les ai pas perdu, mais une vis s'est brisée. L'opticien pouvait me remettre cette vis mais pour ce faire il fallait d'abord que j'aille chez le petit joaillier d'à coté qui avait l'outil pour enlever celle cassé. résultat en 20 minutes mes lunettes étaient réparées et j'avais fait bosser deux petites boutiques qui se sont partagées les bénef , assez maigres, j'en convient. Cela illustre bien la composition du tissu social et commercial. A chacun son travail et tout le monde en a un. 
Les salaires sont à la hauteur de ces petits boulots, mais le coût de la vie y est 4 fois moins cher que dans les îles Françaises. 
Il est exceptionnel de croiser un mendiant, bien vite réprimandé par un passant, d'ailleurs.

Autre aspect, il n'y a pas d'Hyper méga super marché débordants de toutes les tentations propres aux sociétés de sur-consommation. 
On trouve de tout, Il y a ce qu'il faut, mais rien de plus. 
Je n'ai pas vu de sociétés de crédits.

A cela, il faut ajouter de somptueux paysages, une fiscalité à 30% de vos recettes, quelque soit votre activité et vous avez une île pas très loin de la définition du paradis.

Ah, j'oublais ! Tous les établissements scolaires ont leur uniformes, assez jolis d'ailleurs, histoire de gommer toutes différences sociales et toutes dépendances et autres vénérations aux marques.
Chacun en pensera ce qu'il veut, mais nous on trouve ça très sain.
Ile méconnue des Français, nombreux sont les anglophones à venir prendre leur place en cet Eden.
Les liaisons aériennes quotidienne de l'aéroport international doivent y être pour beaucoup, malheureusement, aucune au départ de France.

La production de noix de Muscade, 
la société basée dans la ville de Goyave exporte dans le monde entier.

La nature généreuse nous offre des paysages grandioses. La découverte des "Seven Falls" (7 chutes d'eau), en compagnie des équipages de Parati et Pai-Me, nous enmènnera à l'intérieur de la Rain Forest.

Généreuse dame nature...

Notre participation à "la scène". Technique de pêche consistant à déployer un filet à partir de la plage en décrivant une large boucle en mer pour revenir à l'autre bout de cette même plage. Ensuite les extrémités sont tirées tour à tour à la force des bras volontaires pour ramener le filet et sa précieuse marchandise. Épuisant sous cette chaleur, les pêcheurs locaux la pratiquent chaque jours et notre petite contribution les a beaucoup divertit, nous avons passé un excellent moment en leur compagnie.

Visite de la Rhumerie Rivers, la plus ancienne des Caraïbes dont les machines et autres alambiques datent de l'époque coloniale Française et fonctionnent encore parfaitement.
Leur technique de fabrication donne un gout unique à ce rhum dosé entre 75 et 69°.